C’était le 11 novembre 2018, j’ai commencé à perdre les eaux tout doucement vers minuit. J’étais seule et j’ai eu du mal à la croire les premiers instants car j’étais seulement à 36 semaines et 2 jours de grossesse. Puis j’ai compris, là je t’ai parlé un peu, en te disant que tu pouvais arriver, que tout allait bien se passer. Papa était parti à un concert ce soir là, il est arrivé vers 1h, il a été malade toute la nuit, il n’arrêtait pas de vomir. Je lui en ai un peu voulu de ne pas être là pour moi, mais c’était pas grave, tant que tout se passait bien. J’étais sereine et excitée à la fois ! J’ai un peu tardé à appeler quelqu’un pour m’amener à l’hôpital, car j’espérais que papa aille mieux et qu’il nous emmenerait. J’ai échangé quelques textos avec ma soeur cette nuit là, qui m’a rassurée en me disant que les contractions n’étaient pas très rapprochées, que j’avais le temps. Je m’étais tellement préparer à accepter la douleur, que je n’ai pas eu mal. Ma respiration accompagnait les vagues de contractions de manière très fluide. Finalement c’est Mette qui m’a répondu en premier, j’étais sur qu’elle serait disponible. Quant elle est arrivée j’avais très envie d’aller aux toilettes, je me demande d’ailleurs si mon col n’était pas déjà prêt, car on lit souvent qu’une femme ressent le besoin de pousser quand le moment arrive. Mette a appelé les pompiers car elle devait penser que me mettre dans sa voiture n’était pas jouable, il faut dire que je ne sortais plus des toilettes ! Jusqu’ici tout allait bien.
Dans le camion de pompiers, on m’a installé sur un lit. Ils ont certainement vérifier mon rythme cardiaque ou des conneries, je ne sais plus. Ils me faisaient la conversation, comme si ce qui était en train de se passer était anodin ! Un bébé est sur le point de voir le jour bordel ! Sur le coup j’ai lâché prise, je ne pensais qu’à détendre tous mes membres entre chaque contractions. Avec du recul je trouve la fin de cet accouchement d’une absurdité folle ! D’ailleurs les contractions ont commencé à devenir désagréables, en même temps je ne pouvais plus me lever avec leur perfusion inutile « au cas ou ». Un des pompiers m’a dit « il faut que je vérifie votre col », alors j’ai baissé mon pantalon. Cet ignorant ne s’est même pas assis et sans même me toucher à déclaré « euh…1cm « . Il avait l’air tout gêné, je ne crois pas qu’il ait bien vu mon col d’ou il se trouvait. Au moins il n’aura pas été intrusif !
En arrivant à l’hôpital de Voiron, on me confit à la sage-femme qui s’est occupée de mon accouchement. Elle a inspecté mon col, en mettant ses doigts cette fois, je pense moins d’une heure après « l’examen » du pompiers, pour me dire » Ton col est prêt, il faut juste attendre que bébé descende. » Elle m’a donc amené dans la pièce de l’accouchement.
La pièce était froide, bien que peinte en rose ou en violet. On aurait dit une vieille pièce dédié à un autre usage qu’on aurait recyclé. À l’entrée il y a avait des poubelles sur roulettes… Au fond un évier avec un plant de travail. Au centre un grand lit avec un dossier inclinable. La sage-femme m’a dit que si je voulais marcher ou être installée dans une position particulière c’était possible… Comme j’étais branchée, je sentais bloquée dans mes mouvements, j’aurai voulu pouvoir bouger librement sans l’aide de personne. J’aurai du tout arracher! Elle revenait régulièrement vérifier les battements de ton coeur et cela m’empêchait de me détendre. Mette était là par intermittence, elles ne m’ont pas vraiment laissée seule. Elles m’ont installé sur le sol à un moment avec un oreiller, une position dans laquelle je ne me sentais pas du tout à l’aise. Mette a essayé de me masser les reins. À un moment là sage-femme me demande si j’avais une idée particulière pour la position de l’expulsion. Je lui ai répondu « à quatre pates, ou suspendu ». Je venais de m’allonger sur le dos quand elle est venue inspecter ta position. « Il est prêt, on va pouvoir commencer à pousser. » J’allais pour me relever quand elle m’a repoussé contre le lit en me tendant un linge torsadé « Ça fera comme si vous étiez suspendu. » Elle ne m’a en fait pas laissé le choix. Malgré ma réticence envers les hopitaux, j’avais travaillé sur moi pour que ce jour précisément je lâche prise, pour que le contrôle ne prenne pas le dessus. J’ai décidé de faire confiance. Je n’ai donc pas imposé ma volonté. Mais je ne vois pas l’intérêt de me demander mon avis pour finalement ne pas le prendre en compte ! Elle parlait avec une voix douce mais avec une certaine monotonie désagréable. Elle m’a demandé d’expirer sur le coté, elle m’a fait intellectualiser ma respiration en fait. Ce qui a du complètement bloquer le coté naturelle de ce moment. J’ai l’impression d’avoir pousser très fort, beaucoup trop fort, et que tu ne viendrais jamais. Mette me tenait la main à ma droite. La sage-femme m’a proposé de toucher ta tête. Je n’ai senti que le sommet de ton crâne car tu étais encore à l’intérieur. Ton crâne était tout souple, cela m’a permis de réaliser ou tu te trouvais, tout proche. Mette a demandé si elle pouvait voir, j’ai répondu « Non tu regardes pas ma minette! »
Elle me disait de pousser et je m’executai. Je me suis sentie comme une bestiole, les jambes en l’air, qu’on accoucherai à la file indienne, je me suis sentie malmenée. Bien que certainement les trois personnes qui m’accompagnaient essayaient de faire de leur mieux. La sage-femme m’a fait angoissé quand elle m’a dit un truc du genre « Non mais la faut pousser de l’intérieur sinon… » J’avais bien accepté les contractions, mais je ne t’ai pas offert l’énergie vitale qu’on peut apporter par une respiration sereine. Je me sentais pousser dans le vide. J’ai gémit, grondé, grogné de douleur…Tu ne venais pas. C’est au moment où je m’y attendais le moins que tu es sortie, pendant que je criai. Et la première chose que je t’ai dit c’est « Ha bon? Deja? J’ai cru que tu n’arriverais jamais » La sage-femme m’a dit quelques instants plus tard « J’ai du mettre un coup de scalpel hein. » Ha oui merci de prevenir. Elles ont du couper le cordon pour te poser sur mon ventre, car il était trop court, moi qui aurait voulu te le laisser le plus longtemps possible.
Puis je t’ai caressé. Tu es restée un moment sur mon ventre, sereine. Je me sentais fatiguée, mais heureuse et… J’avais mal. Une autre sage-femme s’est occupée de te peser et t’habiller, pendant que l’atelier couture battait son plein. Ça a été le moment le plus long et le plus douloureux de cet accouchement. Tu es née sans péridurale, mais pour cette partie j’ai acceptée le gaz et même avec c’était rude. J’ai été follement heureuses les premiers jours, les premières semaines ! Puis j’en ai bavais !..des mois, avec la rééducation, à avoir des pesanteurs désagréables qui t’empechent de marcher, de tenir debout, de porter un bébé, de faire ce que je voulais en fait.., j’ai eu des fuites urinaires, je me suis sentie sale, je me suis sentie seule, je me suis sentie handicapée, je me suis sentie démunie. Bien sûr une part est inévitable, car l’accouchement demande une énergie phénoménale ! Mais il y a une part qui pour moi aurai pu être évité, si on m’avait écouté, si je m’étais écouté. Une chose est sûr, si un jour je décide de mettre au monde un deuxième enfant, ce sera chez moi.